Martin, électricien de 19 ans, est devenu son propre patron
MARTIN PULIDO PDG
« C’est mon professeur d’électricité qui m’a poussé à évoluer. Pour la communication, j’ai commencé par me débrouiller tout seul en créant mon logo, en construisant mon site internet et en créant ma page Facebook. J’ai aussi publié une annonce sur leboncoin.fr qui m’a permis d’avoir un client sur Achicourt pour lequel j’ai refait toute l’installation de sa maison. Hélas le côté administratif de la création d’entreprise est très contraignant. Les jeunes ne sont pas assez soutenus. Heureusement que mes proches me soutiennent.
Martin Pulido est la preuve concrète que la valeur n’attend pas le nombre des années.
L’entreprise d’électricité Bozelec est installée à Montenescourt, dans un petit bureau qui ressemble à une chambre d’étudiant.
Peut-être parce que son jeune patron n’a que 19 ans.
Des dossiers sur les étagères et dans les tiroirs. D’autres
qui trainent sur le bureau ou à terre. Le bureau d’un étudiant ? Presque.
Celui d’un jeune patron de 19 ans, à qui tout semble sourire depuis qu’il a créé
son entreprise.
Quand Martin Pulido s’est installé a Duisans à l’âge de 15
ans et demi pour commencer son apprentissage, il ne pensait pas du tout à cet
avenir-là. « Ma première idée était de partir dans la logistique. Ma mère
avait peur que je devienne routier. C’est au moment où mon père refaisait sa
maison. » Le jeune collégien dyslexique et dysorthographique, à qui tout
le monde disait qu’il n’arriverait jamais à rien, venait de trouver sa voie :
L’électricité. Formé à l’URMA D’Arras et apprenti chez Sodelem à Duissans, le
jeune homme apprends vite et bien. Il décroche son CAP avec 19.5 de moyenne et
commence à s’intéresser aux Olympiades des métiers. En 2014, il termine ce
concours régional avec la médaille d’argent : puis en 2016, avec la
médaille d’or. Ce qui lui ouvre les portes du concours national « Je représenterai
la région à Bordeaux en Mars 2017. » Il vise la deuxième ou la troisième place
et pourrait peut-être accéder à la compétition internationale.
BACHELIER ET AUTO-ENTREPRENEUR LA MÊME ANNEE
Mais revenons à son parcours d’entrepreneur.
Après 3 ans d’apprentissage
et un baccalauréat obtenu malgré un long arrêt suite à un accident de travail
(16 de moyenne quand même), Martin Pulido se lance définitivement dans la création
d’entreprise au cours de l’été 2015. « J’ai commencé en auto-entreprise
alors que j’étais encore apprenti. La première année j’ai fait 7000 € de
chiffre d’affaires. »
Un test grandeur nature qui a validé son projet.
Les
tout débuts sont un peu folkloriques et brouillons. « J’ai commencé avec 0
€ sur mon compte professionnel. Je démarchais en porte à porte avec une feuille
A4 sur laquelle j’avais écrit tout ce que je pouvais faire. » Une annonce
sur leboncoin.fr lui apporte ses premiers clients ; la machine est lancée.
« Mes premières rentrées d’argent étaient réinvesties pour l’achat de matériels.
J’ai commencé à bosser avec ma vieille Clio. »
Alors tout juste majeur, Martin Pulido tient un discours
loin de paroles désespérées des jeunes d’aujourd’hui.
Il a décidé de montrer qu’il
y arriverait, qu’il serait son propre patron et met tout en œuvre pour ça.
Dans sa petite pièce installée dans une location située dans un corps de ferme de Mont De Wanquetin à Montenescourt, le jeune homme s’est mis a 100 % à son compte dès l’été 2015. Quelques premiers chantiers grâce aux olympiades des métiers qui l‘ont fait connaitre et un premier gros contrat avec un hypermarché Leclerc. « Un chantier à 72 000 € » s’étonne encore le jeune entrepreneur. Un contrat qui l’oblige à changer de statut pour opter pour l’E.I. (Entreprise Individuelle) en Septembre dernier.
RYTHME EREINTANT
Depuis les chantiers s’enchaînent. La librairie Humeurs Noires de Lille ou il refait toute une installation électrique ou encore l’enseigne V&B à Arras. Même s’il travaille seul, le jeune patron arrive à suivre le rythme (souvent éreintant) : se lever à 3h du matin, rester 3 semaines à Berlin sur un chantier. « J’ai de nombreux devis en cours. » Principaux clients bientôt signes : Norauto à Arras ou encore Leclerc à Dainville. « Je vais peut-être signer un partenariat avec une société de maintenance immobilière »
Et les projets ne manquent pas dans la tête (bien faite) de ce jeune homme, pas du tout inquiet pour son avenir. Après avoir contracté un crédit de 10 000 € pour acquérir une camionnette, il a l’intention de développer encore sa petite entreprise. D’abord en créant une deuxième entité avec son père Bozelec Environnement. « Pour l’éolien, le solaire, mais aussi pour la récupération et le recyclage des vieux équipements que nous démontons sur les chantiers. » ; La France est en effet très en retard pour le recyclage dans le BTP.
L’Avenir ? Martin Pulido le voit en rose. D’Abord dans une grange qu’il retapera avec son père et dans laquelle il installera sa maison et son entreprise. Il a déjà créé la SCI (Société Civile Immobilière) et pense déjà à acquérir des logements qu’il pourrait mettre aux normes. « La société évoluera. D’abord, il faudra embaucher deux personnes, avoir un plus grand bureau. Ensuite, nous aurons plusieurs agences et peut-être même à Paris. »
Ne croyez pas que le jeune patron s’emballe. Il avance pas à pas mais il a toujours un coup d’avance. Réflechi, organisé, le plus jeune créateur de l’ICRE BTP 62 et le plus jeune adhérent de la CAPEB du Pas-De-Calais, cet artisan n’a pas fini de nous étonner.